Dans cette rubrique, moi, Opie, je «debunke» (démystifie, en français) les nombreuses idées reçues qui circulent encore un peu partout sur mon espèce.
Aujourd’hui, j’ai choisi de vous parler du concept qui voudrait que l’on adopte des comportements qui embêtent nos humains exprès pour nous venger. Voilà en réalité une nouvelle interprétation anthropomorphique qui nous prête injustement des intentions qui sont pourtant étrangères à notre espèce, si douce et si innocente… Bon, d’accord, j’exagère un peu! 😅
Il faut savoir que la notion de vengeance est assez complexe: elle nécessite en effet une construction mentale qui impliquerait non seulement que nous soyons capables de cultiver une forme de rancune par rapport à un acte commis par nos humains, mais aussi que nous puissions identifier ce qui serait susceptible de les déranger ou de les énerver… Ce qui, je vous l’assure, n’est absolument pas le cas (même si j’enquête à ce sujet, car qui sait, ça pourrait bien me servir un jour! 😼).
Quel que soit le comportement dérangeant que nous adoptons, il n’est donc jamais le fruit d’une fomentation diabolique destinée à obtenir réparation pour un préjudice subi. Il est important de le préciser, car de votre interprétation erronée va découler une réaction souvent inappropriée, qu’elle soit bien ou mal attentionnée, et qui pourrait dans certains cas avoir un effet contre-productif.
Nos comportements ont avant tout pour but de répondre à un besoin inhérent à notre espèce, de nous adapter à une situation stressante ou frustrante, et de nous aider à retrouver notre homéostasie sensorielle, autrement dit notre équilibre émotionnel.
J’admets toutefois – notez ma bonne foi 😇 – que certains de nos comportements peuvent parfois prêter à confusion… C’est pourquoi je me propose de vous donner quelques exemples courants des mauvaises interprétations dont nous sommes victimes.
SITUATION 1
Vous rentrez de vacances, et votre chat vous ignore, refuse vos demandes d’échanges affectifs, ruinant par la même occasion les espoirs de retrouvailles câlines et ronronnantes que vous aviez projetés sur votre retour à la maison.
Votre interprétation : «Mon chat m’en veut d’avoir osé le laisser pour partir me prélasser à la plage, descendre des pistes de ski ou visiter le Grand Canyon.»
L’explication la plus probable : Votre chat a adopté un nouveau rythme de vie en votre absence, avec sans doute moins de stimulations, d’agitation, ou en tout cas une routine bien différente de celle à laquelle il est habitué. Il peut donc tout simplement avoir besoin de temps pour s’adapter à ce «retour à la normale».
SITUATION 2
Votre conjoint vient d’emménager chez vous. Comme par hasard, votre chat s’est mis au même moment à uriner un peu partout, voire spécifiquement sur ses affaires ou sur le lit pile du côté où il dort.
Votre interprétation : «Mon chat est jaloux, il n’accepte pas que je m’occupe moins de lui et me le fait payer, tout en montrant à cet intrus qu’il n’est pas le bienvenu.»
L’explication la plus probable : Mon espèce est routinière et tout changement important dans notre quotidien peut nous perturber. Or le fait de marquer notre environnement est un moyen pour nous de le baliser et d’y déposer des odeurs rassurantes : celles de notre urine. Si votre chat fait ses besoins en particulier sur des lieux ou objets en lien avec votre conjoint, c’est parce qu’ils portent une odeur non familière, étrangère, qui peut potentiellement être déstabilisante pour lui.
SITUATION 3
Alors que vous rentrez la plupart du temps à la même heure après le travail, vous avez fêté ce soir l’anniversaire de votre collègue Karine, et êtes rentré tard dans la nuit. À votre retour, vous retrouvez votre magnifique vase en porcelaine en mille morceaux sur le sol du salon (quelle idée aussi de l’avoir laissé au bord de l’étagère, si je puis me permettre 😛) ou tous les vêtements de votre armoire déballés dans la chambre…
Votre interprétation : «Mon chat, qui n’a visiblement que faire de l’anniversaire de Karine, n’a pas apprécié mon absence prolongée et me le fait clairement savoir.»
L’explication la plus probable : Là encore, la routine du chat a été bouleversée. Par ennui, ou parce qu’il est très – trop? – attaché à vous, votre chat a géré son ennui et/ou son stress avec ce qu’il avait à disposition dans son environnement, peut-être pas assez enrichi.
SITUATION 4
Vous avez eu une dure semaine, et votre patron vient en prime de vous confier un dossier urgent à faire pour hier! Résultat : vous n’avez pas du tout eu le temps de faire les courses et de racheter la sacrosainte pâtée de votre chat. Alors que vous vous apprêtez à attaquer le bon dîner que vous vous êtes préparé pour vous consoler de cette semaine éprouvante, et que vous vous absentez quelques secondes dans la cuisine pour aller chercher du sel… votre chat en a profité pour manger la moitié de votre assiette!
Votre interprétation : «Mon chat n’a pas apprécié de ne pas avoir sa pâtée, et il me l’a bien fait comprendre en me volant MA nourriture.»
L’explication la plus probable : Habitué à une dose de nourriture humide tous les soirs à la même heure, votre chat a possiblement ressenti une frustration alimentaire qui l’a poussé à saisir l’opportunité de cette assiette laissée à sa disposition – il faut savoir que la pâtée est composée en moyenne de 80% d'humidité, ce qui en fait un aliment plus rassasiant que les croquettes. Il ne serait par ailleurs pas approprié de parler de «vol», car cette notion n’existe pas non plus chez mon espèce. Pour nous : ce qui est à toi est à moi, ce qui est à moi est à moi… tout mon environnement est à moi, en fait. 😁
Je précise bien sûr que ces exemples et les explications que j’ai avancées sont donnés à titre indicatif: plusieurs facteurs peuvent déclencher chez nous les différents comportements que j’ai décrits en fonction des particularités de chaque contexte, aussi n’hésitez pas à vous faire accompagner par un professionnel, comme mon humaine, si vous avez le moindre doute et souhaitez obtenir des réponses personnalisées.
Voilà, j’espère que ce nouveau debunk'cat vous amènera à considérer avec un nouveau regard, plus indulgent et plus compréhensif, les différents comportements de mes chers congénères.