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DEBUNK'CAT #4 : l'âge idéal pour adopter un chaton est de 2 mois


Idée reçue : sevrage à 2 mois du chaton

Dans cette rubrique, moi, Opie, je «debunke» (démystifie, en français) les nombreuses idées reçues qui circulent encore un peu partout sur mon espèce.


Aujourd’hui, j’ai choisi de vous parler du sevrage précoce du chaton, car beaucoup d’humains pensent encore que l’âge idéal pour adopter un de mes petits congénères est de 2 mois.


Il faut dire que la loi française n’aide pas en la matière, puisqu’elle permet la cession d’un chaton dès cet âge. Je ne sais pas qui décide de tout ça en haut lieu, mais en tant que membre de l’espèce féline, je peux vous affirmer que c’est du grand n’importe quoi! Il faut dire que droit et administration ont malheureusement souvent peu à voir avec la réalité éthologique…


Il est vrai qu’à 2 mois, nous sommes plutôt adorables, et je sais que vous, humains, êtes particulièrement sensibles à notre charme. (Étant moi-même restée très mignonne à l’âge adulte, je vois bien quelle fascination je peux susciter 😎). Mais vaut-il mieux «profiter» d’un chaton mignon quelques semaines, ou donner à votre chat toutes les chances d’être bien dans ses pattes pour le reste de sa vie?


Car être sevré trop tôt de notre mère n’est pas sans conséquence. Théoriquement, le sevrage précoce se définit par une séparation permanente avec la mère avant le moment où il se produirait dans la nature. Partant de ce constat, quasiment tous les animaux de compagnie seraient sevrés précocement – en tout cas, pour ce qui est de mon espèce, notre mère ne nous repousse naturellement qu’à partir de 4 ou 5 mois. Dans l’usage, on utilise en réalité le terme «précoce» pour tout sevrage survenu avant que notre développement soit considéré comme optimum – cet âge variant au fur et à mesure qu'avancent les recherches sur le sujet. D’après les dernières études scientifiques, on estime qu’il est préjudiciable pour un chaton d’être séparé de sa mère avant 12 voire 14 semaines.


Si le sevrage alimentaire commence dès la 4e semaine, le sevrage éducatif et émotionnel survient en effet bien plus tard, et nous apprenons plein de choses auprès de notre mère et de notre fratrie tout au long de nos premières semaines de vie :

- la socialisation et les codes sociaux, qui nous aideront à mieux communiquer avec nos congénères

- les auto-contrôles, aussi appelés inhibition morsures-griffures, qui nous permettront de savoir doser nos interactions physiques

- la familiarisation à notre environnement, à l’humain ou à d’autres espèces, qui sera facilitée par la présence rassurante de notre mère…


Outre ces apprentissages, le fait d'être séparé trop tôt de notre mère aura un impact important sur notre gestion émotionnelle. Souvent plus sensibles, moins adaptables, nous aurons plus de mal à retrouver notre homéostasie sensorielle, notre équilibre émotionnel, face à un stress ou à des changements dans notre environnement. Un sevrage précoce pourra par ailleurs altérer nos capacités cognitives, notre mémoire, et entraîner des changements au niveau neurobiologique. Il pourra aussi être la source de différentes problématiques à l’âge adulte: une récente étude* a ainsi montré que mes congénères sevrés trop tôt avaient plus de chance de développer des conduites agressives et d’exprimer des comportements anormaux comme des stéréotypies (actions répétitives sans fonction apparente), qui se manifestent par exemple par une succion des textiles/plastiques ou par un toilettage excessif. La carence affective subie lors de la séparation avec notre mère pourra enfin induire une propension plus accrue à être trop dépendants de nos humains.


Dans ce genre de situations, on peut agir: si un comportementaliste félin ne pourra pas changer la façon dont le chat s'est construit, il pourra l'accompagner, l'aider en travaillant sur le relationnel avec l'humain, en adaptant l'environnement et en lui donnant les outils pour mieux gérer ses émotions.


Bien sûr, tous les chatons sevrés précocement ne développeront pas forcément ces comportements, car beaucoup d’autres facteurs génétiques, environnementaux et individuels sont à prendre en compte.


D’autre part, je sais bien que le sevrage n’est pas toujours volontaire, il arrive qu’un chaton soit rejeté trop tôt par sa mère, ou retrouvé sans sa famille dans la rue, avant d’être récupéré par une association.


Mais dans la mesure du possible, chers humains, ne nous séparez pas trop tôt de notre mère. Retarder l’âge du sevrage est un moyen simple d’améliorer le bien-être de mes congénères, et de leur donner toutes les chances de devenir des adultes équilibrés… comme moi! 🥰


Le sevrage du chaton

*Ahola M.K., Vapalahti K. & Lohi H. (2017). Early weaning increases aggression

and stereotypic behaviour in cats. Scientific Reports, n°7, art. 10412


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