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DEBUNK'CAT #5 : Mon chat est dominant avec moi ou mes autres chats


Idée reçue : sevrage à 2 mois du chaton

Dans cette rubrique, moi, Opie, je «debunke» (démystifie, en français) les nombreuses idées reçues qui circulent encore un peu partout sur mon espèce.


Aujourd’hui, j’ai choisi de vous parler du fameux concept de dominance qui, s’il est plutôt connu chez le chien, est aussi répandu dans le monde félin.


Je ne vais pas m’attarder sur les subtilités du concept de dominance chez mes amis canidés, parce que ça serait trop long et surtout, parce que je préfère parler de ce que je connais: moi! Ce que je peux vous dire, c’est qu’il n’est absolument pas pertinent de parler de dominance en ce qui concerne les chats. Pourquoi? Tout simplement parce que nous ne sommes pas un animal social. Si nous apprenons bien les codes sociaux propres à notre espèce pendant notre développement, et que nous sommes capables de communiquer avec nos congénères, nous vivons naturellement en solitaire – et non en groupes structurés. Dès lors, toute forme de hiérarchie nous est totalement étrangère.


On trouve pourtant encore un peu partout beaucoup d’informations et de conseils qui reposent sur ce principe. Certains de mes congénères sont ainsi soulevés par la peau du cou ou immobilisés au sol dans l’idée de leur montrer «qui est le chef». Mon humaine m’a confié avoir plusieurs fois entendu en consultation: «Si mon chat me mord ou s’il se couche systématiquement SUR moi, n’est-ce pas une preuve flagrante qu’il tente de me dominer, de prendre le dessus?». Ces propos, souvent tenus par des hommes (pardon messieurs, n’y voyez rien de personnel, je suis juste factuelle 😉), reposent sur des idées archaïques mais persistantes qui voudraient que notre animal cherche à avoir l’ascendant sur nous selon des principes finalement très humains… et d’autant plus erronés qu’il ne peut y avoir de hiérarchie interspécifique, c’est-à-dire entre des espèces différentes.


Dans un cadre intraspécifique, on entendra souvent les humains dire que Gribouille est le dominant de la maison parce que c’est toujours lui qui mange en premier, ou qu’il déloge activement la pauvre Cracotte s’il convoite la super place au soleil, en haut de l’arbre à chat. Si nous avons, grâce à notre grande plasticité comportementale, appris à vivre en groupe de façon artificielle chez nos humains, partager notre domaine vital n’est pas toujours une évidence pour nous. C’est pourquoi il n’est pas anormal que quelques conflits puissent apparaître, notamment quand les ressources disponibles ne sont pas suffisantes pour permettre à chacun de nous d’exercer nos besoins fondamentaux: manger, grimper, dormir en toute sécurité, marquer notre espace de vie…


Mais être en conflit ne veut pas forcément dire être amené à se battre. Il faut savoir qu’il est important pour notre survie, à l’état sauvage, de ne pas nous bastonner à tous les coins de rue (ou d’arbres) au risque d'être blessés, voire de mourir d’une bête infection! Eh oui, dans la forêt, point de vétérinaire, point d’antibiotiques… Notre instinct nous pousse donc naturellement à éviter la bagarre autant que possible. C’est ce qui pourra expliquer que Cracotte cède sans résister sa place au soleil à Gribouille, estimant sans doute qu’il ne vaut pas la peine pour elle d’en venir aux pattes pour si peu.


Les accès «privilégiés» à telle ou telle ressource sont en outre rarement figés. Gribouille pourra ainsi truster le haut de l’arbre à chat, mais laisser à Cracotte la «place du roi» dans le lit, la nuit, collé à son humain. Plutôt que de dominance, on parlera donc dans ce cadre d’une «motivation» supérieure à obtenir une ressource à un instant T, dans ce contexte et pour cette dyade bien précise. D’ailleurs, il est fréquent, quand un chat quitte le foyer ou qu’un nouveau congénère vient le rejoindre, d’assister à une évolution des équilibres et des rituels, prouvant par là même qu’il n’existe aucun statu quo hiérarchique.


On taxera aussi parfois le chat qui feule, qui grogne ou qui attaque d’être dominant. Pourtant, c’est souvent en réalité lui le moins à l’aise, et donc celui qui a le plus besoin de mettre les autres à distance avec les moyens de communication dont il dispose. À l’inverse, si un de mes compagnons félins se couche sur le dos face à un congénère, il ne se soumet pas, comme vous avez tendance à le croire – il présente au contraire dans cette position les armes les plus destructrices dont nous disposons: nos griffes et nos crocs!


J’espère avoir pu vous aider grâce à ce nouveau Debunk’cat à mieux comprendre certains de nos comportements. Car s’il me tenait à cœur d’apporter mon point de vue félin sur ce sujet, c’est pour éviter autant que possible les erreurs d’interprétation qui vous amènent parfois à nous juger hâtivement ou à nous punir injustement sous prétexte que nous chercherions à vous dominer, à dominer nos congénères… ou même à dominer le monde, selon la rumeur (hum, hum😇) qui circule à notre sujet depuis longtemps déjà!


Le sevrage du chaton


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