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DEBUNK'CAT #6 : Il faut tout de suite habituer son chat à dormir seul


Idée reçue : ne pas dormir avec son chat

Dans cette rubrique, moi, Opie, je «debunke» (démystifie, en français) les nombreuses idées reçues qui circulent encore un peu partout sur mon espèce.


Aujourd’hui, j’ai choisi de vous parler du concept qui voudrait que si le chat ne dort pas seul dès ses premières nuits à la maison, il vous fera vivre un véritable enfer par la suite lorsque vous voudrez le déloger de votre chambre.


En tant que chat qui dort avec ses humains (enfin, quand j’en ai envie! 😋), je dois dire que je ne comprends même pas qu’on puisse envisager de fermer la porte de la chambre à son cher félin domestique… Mais bon, vous commencez à me connaître: ouverte d’esprit et emplie de bienveillance, je suis prête à me mettre à votre place d’humain pour vous aider, quel que soit votre choix.


Mais avant toute chose, je souhaitais expliquer les raisons qui m’ont amenée à rédiger ce numéro de Debunk’cat. Un soir, couchée sur le radiateur comme à mon habitude, j’ai entendu mon humaine pousser des «oh» et des «ah», soupirer, marmonner dans sa barbe, avant de se jeter au sol et d’agiter ses bras en criant «pourquoiiiiiiii, mais pourquoiiiiiii?».(Bon, ok, j’ai peut-être inventé cette dernière partie pour ajouter un côté dramatique à cette scène 😁). Quoiqu’il en soit, j’ai senti que quelque chose l’ennuyait, alors je suis venue mener mon enquête.


Sur l’étagère, derrière son épaule, j’ai pu découvrir sur l’écran de son ordinateur l’objet de cet agacement: des articles de presse qui donnaient non seulement tout plein de raisons pour lesquelles il n’était pas sain de dormir avec son chat, mais surtout qui conseillaient de laisser le chat ou chaton à peine arrivé à la maison dormir tout seul. Pour quelles raisons? Tout simplement parce qu’il serait sinon très compliqué voire impossible de lui faire comprendre ensuite que la chambre n’était plus accessible la nuit.


Petit florilège d’extraits :


Sur le site du Monde, on peut par exemple lire que si on veut fermer la porte de la chambre, «à défaut de posséder un chat taciturne ou d’avoir mis les choses au clair dès les premiers jours, il faut se préparer à livrer presque chaque nuit une lutte territoriale sournoise». Un peu plus loin, des termes comme «permissivité» et «laxisme» confirment cette vision anthropomorphique et erronée de la relation chat-humain et de notre fonctionnement félin.


Dans Femme Actuelle, il est écrit: «Si vous décidez soudain de le mettre à la porte, il pourrait mal réagir et tenter de marquer son territoire en faisant ses griffes sur le mobilier ou en faisant pipi sur la literie. Pour éviter d'en arriver là, il est préférable dès le départ de cantonner votre animal à un petit lit ou un coussin dans l'une des pièces communes et de garder les câlins dans le lit principal exceptionnels.» Alors je ne vais pas m’appesantir ici sur la notion même de territorialité, remise en question en éthologie féline, car ça n’est pas le sujet du jour… Ce que je retiens surtout, c’est la mauvaise interprétation de nos réactions potentielles, et surtout le conseil de «cantonner» son animal dès le départ – j’aimerais surtout parfois qu’on cantonne certaines idées reçues! Et pourquoi donc les câlins dans le lit "principal" (vous avez des lits secondaires, vous?) devraient-ils être exceptionnels? Mystère!


Même son de cloche dans cet article de Ouest France: «Mieux vaut habituer son chat dès son arrivée au sein du foyer à ne pas dormir dans le lit de son maître ni même dans sa chambre d’ailleurs. Il existe de multiples solutions pour aménager un nid douillet à son chat où il prendra vite plaisir à s’installer lorsque son maître le quittera pour aller se coucher. À chacun son territoire!» Alors oui, on peut en effet proposer des espaces de couchage attrayants pour son chat, j’en ai d’ailleurs plein à la maison, merci à mon humaine.💚 Mais cette idée de le faire obligatoirement dès le départ, et cet argument de territorialité, sont une fois encore de mauvaises pistes.


Il existe encore plein d’autres articles du même acabit, mais j’avoue que j’ai fini par m’assoupir sur mon étagère avant d’avoir tout lu… Qu’importe, je pense que vous avez maintenant compris pourquoi je souhaitais aborder ce sujet.


Avant de poursuivre, je tiens à clarifier un point: il appartient à chacun de dormir ou non avec son chat, quelles que soient vos raisons. Je sais notamment que certains humains ont le sommeil léger, et que notre niveau d’activité nocturne, qui correspond certes à notre rythme naturel, peut être un obstacle à des nuits sereines. Sans parler de mes congénères qui dorment sur le visage de leur humaine en ronronnant… ce qui, bien sûr, n’est pas absolument pas mon cas!🤫


Dans tous les cas, je ne pourrais que vous conseiller de dormir avec votre chat pour ses premières nuits chez vous, et, si c’est un chaton, pendant ses premiers mois.


Essayez en effet de vous mettre à la place de votre chaton: séparé de sa mère et de sa fratrie, ce petit être découvre un tout nouvel endroit, avec souvent des bruits et des odeurs qui lui sont totalement inconnus. Même si son jeune âge peut le rendre curieux et vous donner l’impression qu’il est complètement à l’aise dans son environnement, se retrouver seul la nuit peut être déstabilisant voire anxiogène pour lui. On conseille donc idéalement de dormir avec lui jusqu’à ses 5 ou 6 mois, âge auquel notre mère nous repousse naturellement.


Il en est de même pour mes congénères adultes, qui, s'ils ne viennent pas de quitter leur mère et leurs frères et sœurs, se retrouvent tout de même dans un environnement nouveau dans lequel il leur faudra un certain temps pour construire des repères et se sentir en sécurité. Le fait de pouvoir venir dans votre chambre la nuit s'ils le souhaitent peut dans ce cadre favoriser une habituation plus sereine à leur nouvelle vie.


Dormir avec son chat, outre les bénéfices que vous, humains, pouvez en retirer (je sais que notre chaleur, notre douceur et nos ronronnements peuvent avoir sur vous un effet apaisant😼), est aussi un bon moyen de créer du lien avec lui et de renforcer votre relation.


J’ai bien conscience que parfois, ce que je vous demande peut être difficile. Un jeune chaton, surtout s’il a été sevré précocement, pourra dans certains cas avoir un peu de mal à s’adapter tout de suite à votre rythme de sommeil. En résultent des nuits endiablées pendant lesquelles mes mini-congénères vous sautent dessus après avoir escaladé le lit à coups de griffes et fait tomber le radio-réveil pour la quatrième fois! Si les choses s’apaisent souvent d’elles-mêmes dès que le chaton atteint ses 3 mois, il ne sera pas toujours évident de faire rimer «jeune chaton dans la chambre » avec «nuit sereine».


Dans ce genre de situations, on pourra alors réfléchir à d’autres possibilités, dont mon humaine pourra vous parler à l’occasion d’un prochain article – car après tout, c’est son métier! Parmi les quelques conseils qu’elle me glisse toutefois à l’oreille, on pourra par exemple disposer un tapis chauffant avec un petit plaid bien douillet dans le salon, mettre en place des rituels calmes le soir, proposer pourquoi pas un peu de lait tiède pour chaton avant le coucher et laisser à disposition quelques doudous à la cataire ou à la valériane… Tout en veillant bien sûr à lui proposer des activités correspondant à ses besoins pendant la journée.


Et puis le fait de laisser l'accès à votre chambre ne veut pas forcément dire que le chat dormira avec vous sur le lit: un super couchage doux et confortable, un hamac sur le radiateur, un arbre à chat devant la fenêtre de la pièce constitueront parfois des lieux plus attractifs qui pourront vous permettre d'éviter d'avoir un chat qui dort sur votre tête, ou pile entre vos jambes!


Dans tous les cas, ce qu’il faut retenir, c’est que vous pouvez tout à fait dormir avec votre chat au début sans pour autant ne plus jamais pouvoir lui fermer la porte de la chambre par la suite. Il n’est jamais trop tard pour nous habituer à ne plus dormir avec vous: nous ne sommes pas des bêtes sauvages et territoriales prêtes à nous venger ou à vous faire vivre un enfer si vous décidez de finalement de changer d’avis.


D'ailleurs, il arrive souvent que l'arrivée d'un bébé humain puisse remettre en cause l'accès à la chambre parentale qui jusque-là avait été autorisé à votre chat. C'est un cas de figure fréquent qui, s'il est bien géré et préparé en amont, pourra très bien se passer pour toute la famille.


En revanche, il sera important de bien faire les choses, car cela pourra en effet générer un peu de frustration et nous chambouler, nous qui sommes très attachés à notre routine. Mais nous sommes tout à fait capables d’intégrer de nouvelles habitudes à partir du moment où on nous offre des alternatives satisfaisantes et adaptées pour nous permettre de bien vivre cette transition.


Pour cela, rien de mieux que de faire appel à un(e) comportementaliste pour vous guider et aider votre chat à dormir seul sans stress. En vous accompagnant pour par exemple mettre en place de nouveaux rituels ou booster les enrichissements diurnes, et surtout en vous expliquant comment éviter de renforcer toute forme de comportement qui pourrait vous réveiller (miaulements, grattages à la porte, etc.), vous traverserez cette étape en douceur pour que chat comme humain puissent passer des nuits sereines… sans aucune «lutte territoriale sournoise»!


Avant de finir ce numéro de Debunk’cat, une dernière petite précision: a contrario, attention, il n’est nullement conseillé de «forcer» mes congénères à dormir avec vous en les portant tous les soirs dans votre lit. C’est bien sûr en toute liberté que nous devons faire ce choix… ou pas. J’avoue que le chauffage est parfois plus intéressant que mon humaine – sans parler du fait que nous ne sommes pas toujours les seuls à bouger un peu trop dans le lit! Ben oui, après tout, on a le droit nous aussi de vouloir passer des nuits tranquilles. 😽


Il n'est jamais trop tard pour habituer son chat à dormir seul



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