Pourquoi il ne faut utiliser les mains pour jouer avec son chat ?
- justineauster
- 14 oct.
- 5 min de lecture

Lorsque je suis appelée en consultation pour des conduites agressives, il n'est pas rare que je retrouve un historique de "jeux avec les mains". Habitués, parfois dès leur plus jeune âge, à interagir avec des parties du corps de leurs humains, certains chats acquièrent des réflexes et se retrouvent confrontés à des malentendus qui brouillent la relation.
Résultat : ils peuvent mordre au beau milieu d’une caresse, griffer dès qu’une main bouge ou prendre les chevilles pour cible lorsqu’elles passent dans le couloir.
Bien sûr, ces comportements peuvent avoir d’autres causes, mais ce type d’apprentissage précoce reste un facteur fréquent… et pourtant simple à éviter.
C’est pourquoi j’ai souhaité consacrer un article approfondi à ce sujet.
Pourquoi est-il tentant de jouer avec les mains ?
On ne va pas se mentir, c'est souvent une question de flemme... Il y a des moments où on n'a juste pas l'énergie d'aller chercher le plumeau au fin fond d'un placard ou de dénicher une balle coincée sous le canapé.
Alors on cède à la solution de facilité : notre main. Toujours disponible, facile à agiter, et surtout efficace pour déclencher une réaction immédiate chez le chat.
Et puis, ce n’est pas toujours une question de flemme. Parfois, on le fait par réflexe, par habitude, sans vraiment y réfléchir, en pensant que c’est juste un jeu inoffensif.
Et c’est encore plus vrai avec un chaton : quand il s’accroche à nos doigts avec ses minuscules griffres ou qu’il nous mordille en jouant, soyons honnêtes, on trouve même ça adorable...
Mais alors... pourquoi s'en priver ?
5 bonnes raisons de ne pas jouer avec les mains
1. Notre corps devient une proie
Quand on utilise ses mains ou toute autre partie du cors pour jouer, on induit chez le chat un apprentissage par association : main / bras / cheville / peau... = proie.
Le problème, c’est que ce conditionnement ne reste pas cantonné à la séance de jeu.
Une fois intégré, bien souvent, il se généralise : une main qui bouge, une cheville qui passe, un pied qui dépasse de la couette... Tout peut devenir un stimulus déclencheur qui active une réponse comportementale de prédation.
Pour nous, il est facile de savoir quand on joue ou quand on ne joue pas. Mais pour le chat, cette nuance n’existe pas : vous restez une “cible” potentielle même si vous vouliez juste attraper la télécommande ou aller chercher vos chaussettes en sortant de la douche !

2. Confusion entre caresses et jeu
Le fait que nos mains soient perçues comme des proies potentielles peut aussi avoir un impact sur les échanges affectifs.
Parce que quand on s’en sert pour jouer, on brouille le message : notre chat ne sait plus si une main qui s’approche est une invitation au câlin... ou au jeu.
Dès lors, il pourra avoir tendance à mordre ou à griffer au beau milieu d’une caresse – non pas par agressivité, mais parce qu’il a appris que la main est aussi synonyme de “partie de chasse”.
C’est pourquoi, pour éviter toute ambiguïté et toute confusion, nos mains devraient toujours être associées à des échanges affectifs, dans le respect – bien sûr – du consentement du chat.
3. C'est une source de frustration
Certains chats ont appris très tôt, lorsqu’ils étaient chatons, à retenir leurs morsures et leurs griffures. On appelle cela l’inhibition ou les auto-contrôles : ils savent doser leur force et l’intensité de leurs gestes.
Résultat : quand ils jouent avec nos mains, ils veillent à garder les griffes rentrées et à ne jamais mordre à pleins crocs. À première vue, on pourrait se dire que c’est idéal : le chat est “bien elevé”, il a conscience que c’est du jeu et fait attention à ne pas nous faire mal... Nickel !
Le problème, c’est que cette retenue a un revers : le chat ne peut jamais vraiment “se lâcher” ni exprimer pleinement ses comportements de prédation. À force, ces séances de jeu incomplètes génèrent de la frustration et poussent certains chats à chercher d’autres exutoires, qui peuvent prendre la forme de conduites agressives.
4. Incompréhesion & punitions injustes
Le comble, quand on joue avec les mains, c’est qu’on finit souvent par réprimander ou punir le chat pour un comportement… qu’on lui a nous-mêmes appris !
C’est encore plus flagrant avec le chaton, qu’on encourage à se défouler sur nous tant que ses attaques sont inoffensives.
Mais comment pourrait-il comprendre que ce qui était autorisé est devenu interdit ?
Et comment reprocher à un chat de s’emporter dans l’excitation d’un jeu qu’on a instauré avec lui ?

Proposer des séances de jeu adaptées, c’est garantir un cadre clair et cohérent : pas de messages contradictoires, pas d’incompréhension ni de réactions injustes qui fragilisent son bien-être et la relation que nous entretenons avec lui.
5. Et si ça n'était pas du jeu ?
Certaines pratiques peuvent sembler amusantes aux humains, mais ne le sont pas pour le chat : jouer à la “bagarre”, frotter énergiquement son ventre, approcher les mains pour simuler une attaque, le prendre par surprise...
Toutes ces interactions, même réalisées sans mauvaises intentions, peuvent être perçues comme inconfortables, intrusives, voire menaçantes. Répétées, elles pourront mener à une vigilance accrue et nourrir une méfiance à l’égard de l’humain.
Dans ces contextes, lorsqu’un chat mord ou griffe, même avec modération, il n’est pas en train de jouer, contrairement à ce qu’on pourrait croire : c’est en réalité sa façon de signifier qu’il n’est pas à l’aise, et qu’il souhaite mettre fin à l’interaction.
Les bonnes pratiques
Heureusement, il existe de nombreuses façons de jouer avec son chat sans transformer nos mains en proies. Utiliser des accessoires adaptés permet de répondre à ses besoins tout en évitant des malentendus dans la relation... ainsi que les problématiques qui en découlent.
Avec ces supports, votre chat peut vraiment se défouler : bondir, attraper, griffer, mordre, “labourer” avec ses pattes arrière… Bref, exprimer pleinement ses comportements naturels de prédation, sans vous blesser !
Quelques accessoirs incontournables pour une séance de jeu interactive

Plumeaux : parfaits pour imiter une proie qui vole ou qui bouge au sol.
Cannes à pêche : idéales pour déclencher des bonds, des courses et des attaques, tout en gardant nos mains à distance, elles existent aujourd'hui avec de nombreux embouts interchangeables pour varier les plaisirs.
Ficelles ou rubans en tissu : disponibles dans le commerce sous différentes formes, ce type de jouets peut aussi facilement être fabriqué "maison".
Balles légères : en mousse, rebondissantes ou avec grelot, elles invitent à la course-poursuite.
Proies (souris, oiseaux, insectes...) en tissu : encore plus attractives si elles sont garnies d’herbe-aux-chats.
Peluches de grande taille : parfaitement adaptées pour être mordues, griffées et « labourées » avec les pattes arrière.
Friandises (saines et peu caloriques) : plutôt que de les donner "sans raison", vous pouvez les lancer à votre chat pour le stimuler et le dépenser.
Les règles d'or d'une séance de jeu réussie
Au-delà du choix des accessoires, les méthodes de jeu sont tout aussi importantes : proposer plusieurs petites sessions aux heures où votre chat est naturellement actif, varier les jouets et les scénarios pour maintnir l'intérêt et éviter la lassitude, adapter l'intensité au profil età l'âge de votre chat... Enfin, chaque séance devrait toujours se conclure par une "capture" pour que le chat ait la satisfaction d'attraper sa proie, et puisse se défouler pleinement !

J’espère que cet article vous aura aidé à mieux comprendre pourquoi il est important de ne pas utiliser votre corps pour jouer, tout en vous donnant des clés pour partager avec votre chat des moments ludiques respectueux de ses besoins… et de vos mains !
Si c'est le cas, n'hésitez pas à le partager autour de vous 😊






